Gomenasai, le vide de l'appel

 

Pardon, voulais pas. Pourtant, je l’ai fait. T’abandonner... fut un devoir, pour quelques jours. Mais ce laps de temps t’a suffi à commettre l’irréparable. J’aurai voulu t’en empêcher, te tenir la main encore et toujours. Malheureusement, je n’étais plus là. Je n’étais pas à tes côtés quand « l’Idée » a traversé ton esprit fragile. Mais plus tard,  c’est toi qui m’as laissée tomber. T’es partie sans moi. M’as laissé en plan.

Suis-je partie ? T’ai laissée seule ? Pourquoi suis-je ? Pourquoi t’ai-je ? Je savais que tu ne pouvais supporter la solitude. Mais je l’ai... J’ai suivi mes parents, là-bas, sous le soleil, en t’abandonnant sous l’avalanche de ta folie.

Ta prison de rêve est impénétrable. Tu as pris soin de cacher la clef en me laissant à l’extérieur. Reviens parmi nous. Reviens dans mon chez moi, le tien après tout. Le notre. N’as-tu pas pensé une seconde à ce jour où nous aurions pu nous retrouver toutes les deux, comme avant ? Ce retour où, toute bronzée, je t’aurai prise dans mes bras.

Et pour quelle raison ? Des vacances gâchées par l’inquiétude, et ton état en rentrant. Je n’ai jamais rien regretté dans ma vie. Le début de mes regrets, ce fut le jour maudit de mon arrivée à l’hôpital. J’avais apporté un gros nounours et aussi un bouquet de ces petites fleurs violettes que tu aimes tant. Cela fait un an que ce nounours t’attend à ton chevet, que d’autres ont suivi pour finir en un amoncellement de peluches en tout genre. Douze mois que je cueille de nouvelles petites fleurs violettes pour en décorer ta chambre, chaque jour.

Est-ce de ma faute ?
Tu t’es enfouie dans ton coma idyllique. Tu es partie dans ton monde.
Je veux que tu m’y invites.
J’aimerais te revoir sourire, courir, resplendir de toute ta grandeur d’âme.
Je n’aurai pas dû partir.                                              

Gomenasai ma petite sœur de cœur.

Gomenasai ma lumière.

Gomenasai ma luciole.

Gomenasai, Lucie...